La campagne Birashoboka, c’est aussi les réformes de toutes les réglementations qui visent à éliminer les obstacles à la création d’un compte bancaire au Burundi. Dans cette perspective, le règlement de la banque centrale nº 001/2019 relatif à la protection des consommateurs des produits et services financiers est à saluer. Quid de sa mise en application ? Se demande notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira.

Carnet de chèques, demande de situation et d’historique, tenue de compte, retrait d’argent en devise pour les transferts internationaux, etc.… Tout se paye. Et le tarif n’est pas des moindres. Face à ce défi émergé de l’iceberg bancaire burundais, le règlement de la BRB est venu comme salutaire. La protection des consommateurs des produits banquiers et la gratuité de certains services en son article 17, ont plu plus d’un. Les clients des banques et ceux qui avaient manqué comment ouvrir un compte bancaire, allaient pousser un ouf de soulagement. Mais alors, que nenni.

L’article 17 bafoué

Comme mentionné dans l’article 17 de ce règlement, l’ouverture, la fermeture et la situation d’un compte bancaire doivent être offerts gratuitement aux consommateurs des produits et services financiers. C’est-à-dire sans leur exiger des frais ou autres commissions. Malheureusement, l’article est violé au vu et au su de tout le monde. Les prestataires des services financiers qui devraient appliquer ce règlement  ne le font pas. 

À Gitega par exemple, la capitale politique, la situation sur terrain est en contradiction avec ce règlement. Les frais d’ouverture de compte à la Banque de Crédit de Bujumbura (BCB), sont toujours fixés à 50 000 FBu, et la situation du compte à 1000 FBu. Même bruit de bottes à l’agence Gitega de la Banque de Gestion et de Financement (BGF) où les frais d’ouverture sont toujours fixés à 300 000 FBu. Même les institutions de microfinance visitées comme la microfinance Solecs Coopers, les frais d’ouverture et de fermeture sont tous fixés à 10 000 FBu et la situation du compte à 150 FBu.

Quid des consommateurs ?

Est-ce que les consommateurs banquiers sont au courant de cet atout ? Apparemment non. Ceux de Gitega, rencontrés à ces agences, en témoignent. Ils ne sont pas tous avisés de leur droit sur cet accès que les confère ce règlement. Pour Jean-Claude, enseignant avisé de cette mesure, il remercie vivement la BRB qui l’a mis en place, et lui suggère de demander des comptes aux banques et microfinances qui ne le respectent pas.

Pour Diane Josélyne Bizimana, chargée de l’inclusion financière à la BRB, l’existence d’un règlement qui protège les consommateurs des produits et des services financiers constitue un atout fondamental d’accroissement de l’accès à l’utilisation des produits et services financiers de qualité. En un mot, il contribue à la solidité du secteur financier. « C’est un précurseur de renforcement de la confiance dans le secteur financier formel et contribue à la promotion de l’inclusion financière » explique Diane.

Accéder à moindre coût à toute une gamme de produits et de services financiers est le moindre des droits que les individus et les entreprises réclament auprès des banques et microfinances. Pour moi, ma peur est de voir perdurer cette situation de non-application du règlement, car rien ne changera si les organes en charge de réguler le secteur financier, en l’occurrence la BRB, ne saisissent pas le taureau par les cornes pour faire asseoir ce règlement en application.