Les jeunes constituent la majorité de la population burundaise. Néanmoins, un bon nombre se retrouvent désœuvrés à la fin de leurs études. Le blogueur Patrick Nimpagaritse dresse un tableau qui fait froid dans le dos.

Il y a presque trois ans, le 25 septembre 2015 pour être plus précis, au siège de l’ONU  à New York, les représentants des Nations du monde  se réunissaient dans le cadre de la convention générale  pour l’adoption d’un nouveau programme de développement durable. Ce programme ambitionne de mettre fin à la pauvreté partout dans le monde d’ici 2030.

A la suite de cette rencontre, le gouvernement du  Burundi avec le soutien du système des Nations Unies a présenté officiellement les 17 Objectifs de développement durable (ODD) . Il sied de constater qu’avant ces ODD, les résultats des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) n’avaient pas été à la hauteur attentes.

C’est d’ailleurs ce que constatait le coordinateur résident du système des Nations Unies en 2015 : « Au moment de l’échéance finale des OMD, les résultats sont mitigés même si au niveau de la scolarisation universelle, de la maternité, de la lutte contre le SIDA,  des progrès significatifs ont été enregistrés».

Toutefois, presque trois ans après la mise en place des Objectifs de Développement Durable, il semble qu’il reste encore du chemin à faire. La pauvreté bat son plein. En effet plus de 70 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté et le Burundi figure parmi les 5 pays les plus pauvres de la planète. Cette pauvreté extrême implique le PIB soit de 300 USD, le chiffre le plus bas de la région.

Pour rappel, l’enquête menée par l’ONG Réseau des organisations des Jeunes en Action rapporte le chômage chez les jeunes trois fois plus élevé que chez les personnes âgées de 35 et plus.

Des défis importants  à relever

On ne le dira jamais assez, le Burundi  reste confronté à de multiples défis à même de l’enfoncer dans la paupérisation. A ce propos, un point est relevé chaque fois que l’on aborde la question de la pauvreté du Burundi : J’ai nommé la corruption. C’est important d’y insister car quoi qu’on fasse, avec un système politique corrompu, impossible d’aboutir au développement. Et pour relever ce défi, il nous  faut un Etat de droit, un système juridique pour réprimer  corrompus et corrupteurs. C’est aussi sans parler des défis liés à l’éducation (à la qualité de l’éducation), à l’instabilité politique, etc.

Un autre défi important concerne la démographie qui ne se cesse d’aller crescendo. En effet, avec  une croissance de 2,4%  entre 1990 et 2008 et de 3,26 en 2016,  un indice synthétique de 5,5 en 2016 enfants par femme, difficile de parler de réduction de la pauvreté. Il nous faut donc une politique démographique en mesure de maitriser la croissance de la population.

Mais il faut « manger d’abord »

A ces défis démographiques s’ajoute ceux liés à la malnutrition. Les chiffres du taux de malnutrition chronique font froid dans le dos. En effet, 58% d’enfants de moins de 5 ans  souffrent de la malnutrition chronique, l’un des taux les plus élevés au monde.

Qui plus est, cette malnutrition chronique a un coût socio-économique important. Les données au niveau national montrent qu’elle coute 102 millions de dollars américains chaque année alors que ces fonds auraient pu être investis dans des secteurs productifs. Ceci est inquiétant quand on sait que sans une bonne alimentation, sans une autosuffisance alimentaire, le développement et par là, la réduction de la pauvreté devient utopique.

Il ne faut pas se faire d’illusion. Au Burundi, nous sommes encore loin de  la réduction de  la pauvreté. Elle s’amplifie au contraire.  Les cadres stratégiques de croissance et de lutte contre pauvreté (CSLP I, CSLP II) n’ont pas produit d’effets escomptés.  Les quelques éléments ci-hauts soulevés sont là pour nous le rappeler. Mais pour autant, il ne faut pas baisser les bras. Au gouvernement de rectifier le tir et de faire à ce qu’en 2030, certains ODD soient atteints.