Nombreux sont les jeunes demandeurs de stages à Bujumbura comme à l’intérieur du pays. Les entreprises qui les leur accordent, profitant du faible coût, ne respectent pas le code du travail qui limite une période de stage à 6 mois renouvelable. Pour Parfait Gahama, une règlementation du stage professionnel s’impose.   

Les entreprises commerciales semblent avoir adopté une nouvelle stratégie en matière de politique d’emploi. Elles font de plus en plus recours aux stagiaires professionnels pour une durée variant entre trois et 12 mois. Ces stagiaires sont généralement constitués par des jeunes diplômés et dans une moindre proportion par des chômeurs.

Ces deux catégories ne peuvent pas en aucun cas exiger des salaires proportionnels aux efforts fournis. Ils se contentent des frais de stages octroyés par ces entreprises variant généralement entre 100 mille Fbu et 200 mille Fbu.

Quand le stage prend fin, ces entreprises recrutent de nouveaux stagiaires pour éviter d’accorder des contrats aux premiers conformément au Code du travail. La loi limite normalement la durée de stage à six mois, mais elle peut être renouvelée.

Au-delà de cette période, si le stagiaire continue à travailler, il doit signer un contrat de travail à durée indéterminée. Là où le bât blesse, après le stage professionnel, ces jeunes se retrouvent désœuvrés.

Les entreprises en profitent

Cette politique est bénéfique aux entreprises. Elle leur permet d’éviter toute augmentation de leurs masses salariales. Elles ne recrutent pas de nouveaux employés sous contrats à durée indéterminée qui exigent des salaires élevés par rapport aux stagiaires.

De surcroît, ces entreprises ne cotisent pas pour eux à l’Institut national de la sécurité sociale ni à la Mutuelle de la Fonction publique. Certaines entreprises réduisent les effectifs du personnel permanent. Aujourd’hui, elles n’engagent que de hauts cadres.

Ces entreprises profitent du taux de chômage élevé et de la situation économique actuelle pour exploiter les  jeunes diplômés sous le prétexte de les familiariser avec le milieu professionnel. Cependant, ils s’en servent en réalité comme des employés.

Souvent, les stagiaires dépassent même la durée de travail de 8 heures par jour fixé par le code de travail. Parfois, ils travaillent même pendant la nuit. C’est le cas notamment de l’entreprise de communication Lumitel. Malheureusement, ils ne peuvent pas négocier un salaire correspondant au travail qu’ils effectuent.

Travailler juste pour la survie

Selon certains stagiaires,  les frais de stage ne peuvent même pas assurer leur survie. A titre d’exemple, Claver est un jeune juriste habitant à Ngagara, quartier du nord de la capitale. Il dépense 800 Fbu par jour, soit 24 mille Fbu par mois pour les frais de déplacement.

En plus, il doit prendre un repas de 2.000 mille Fbu à midi, soit 60 mille Fbu par mois. Le coût de ces deux besoins représente 84 mille Fbu. Pour un stagiaire qui touche 100 mille Fbu à la fin du mois, il ne lui reste que  26 mille Fbu. Une somme insuffisante pour assurer le petit déjeuner, le dîner et les frais de loyer, sans oublier d’autres besoins éventuels.

Je ne suis  pas contre les stages professionnels. Ils aident les jeunes diplômés à intégrer le monde professionnel et surtout à s’y habituer. Mais, il faut que leur travail  soit récompensé par des frais de stage ou des salaires proportionnels aux efforts fournis.

Le gouvernement devrait mettre en place une règlementation en matière de stage professionnel qui clarifie la rémunération des stagiaires.