Vu que le dossier administratif exigé par la loi pour un emploi dans le secteur public est fait de 14 documents, il y a des jeunes qui ne peuvent pas postuler à certains appels d’offres à cause de cette lourdeur administrative du dossier. Notre collègue Francis Cubahiro est allé à la rencontre des demandeurs d’emploi, et attire l’attention sur les difficultés rencontrées.

Nicholas Uwiteyimbabazi, est un jeune médecin de 30 ans. Il est à la recherche de son premier emploi. Fin janvier 2023, il découvre un appel d’offres à l’hôpital Militaire de Kamenge. Dans la partie rubrique des éléments du dossier, le dossier exige 11 éléments à présenter pour être sélectionné : une lettre de motivation, une copie du diplôme certifié conforme à l’original, le curriculum vitae, une attestation de bonne conduite vie et mœurs, une attestation de résidence, une attestation d’état-civil, une attestation d’identité complète, un extrait du casier judiciaire, le certificat d’aptitude physique, une copie de la carte nationale d’identité et un extrait d’acte de naissance.

Une lourde bureaucratie. Dans le secteur privé, « on ne demande que la lettre de motivation, le diplôme et le curriculum vitae seulement. C’est une fois engagé qu’on demande le reste du dossier » confie son ami Yvan Ndabemeye, qui travaille à l’entreprise BUCECO.

L’autre hic, le dossier doit être remis en main propre. « Heureusement que moi, j’habite à Bujumbura où se trouve le siège de l’institution. Quid des jeunes de l’intérieur du pays qui doivent débourser énormément pour les déplacements allers-retours ? », se demande Nicholas. Et aussi, le dossier est non récupérable en cas de non-sélection. « C’est-à-dire qu’à chaque fois qu’on aura besoin de postuler dans une autre institution, on sera obligé de chercher de nouveau les mêmes documents », se désole Nicholas.

Des bâtons dans les roues de l’embauche

 Avec 11 documents à chercher, c’est du temps et de l’argent à dépenser. Pour obtenir tous ces documents, le demandeur d’emploi doit payer à l’Office Burundais des recettes, via un compte bancaire. « Vu les longues files d’attente dans les banques, j’ai dû attendre deux heures pour être reçu au guichet », confie Nicholas.

Ce jeune médecin ajoute que les documents coûtent les yeux de la tête. « J’ai payé 3000 BIF pour la certification de mon diplôme, 5000 BIF pour le certificat d’aptitude physique, 1000 BIF chacun pour les attestations de résidence, d’état-civil, d’identité complète, de naissance, et pour le casier judiciaire ». Puis, il faut se rendre au secrétariat pour faire taper et photocopier certains documents. « En tout, c’est 500 BIF pour chaque document imprimé, et 100 BIF par page pour la photocopie », ajoute Nicholas.

Ensuite, il faut se déplacer au bureau de la police judiciaire pour l’extrait du casier judiciaire. Puis à l’hôpital et faire la queue pour le certificat d’aptitude physique. Enfin à la commune et à la Mairie pour les autres attestations. Et si on vient de l’intérieur du pays, il faut ajouter les frais de déplacements pour d’abord le dépôt du dossier, et ensuite pour le test écrit et interview si l’on est sélectionné.

Alléger cette lourdeur, une urgence  Faciliter l’embauche des travailleurs en réduisant les barrières pour accéder à l’emploi, est un des éléments pour la réussite de la politique nationale de l’emploi. Une réforme est alors nécessaire pour alléger la lourdeur administrative et simplifier les modalités administratives pour postuler à un emploi. Cela passera par la réduction du nombre d’éléments nécessaire pour postuler à un emploi. En plus, le dossier devrait être envoyé de façon électronique, et l’interview faite en ligne, ce qui réduirait les frais de déplacements.