Proposer des solutions basées sur la science constitue une voie la plus sûre pour booster l’agribusiness des jeunes au Burundi. Pourtant, selon notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira, la promotion de la recherche scientifique dans l’agribusiness navigue entre enjeux et opportunités pour la jeunesse burundaise.

Des opportunités dans le domaine de la recherche scientifique sont là. Deux universités aujourd’hui proposent académiquement des cours d’agribusiness. Il s’agit de la faculté d’agronomie et l’Institut supérieur d’agriculture de l’Université du Burundi, et la faculté d’agronomie et d’agri business de l’Université de Ngozi. Les jeunes sont toujours les bienvenues.

À l’université de Ngozi, il y a même un Centre de Recherche en Agriculture et Développement Rural (CERADER). Ce dernier dispose d’un laboratoire agro-alimentaire et de contrôle de la qualité des semences, avec des équipements modernes destinés à produire et à sélectionner des semences performantes et adaptées à chaque région. Une opportunité pour les jeunes agripreneurs de faire la pratique des théories académiques.

Et pour leurs stages professionnels, le Burundi dispose également d’un Institut des Sciences Agronomique du Burundi (ISABU) qui est à l’œuvre. Récemment, après des recherches concluantes, l’ISABU en collaboration avec l’Office National de Contrôle et de Certification des Semences (ONCCS) ont homologué sept nouvelles variétés de haricot. « Sur 185 nouvelles variétés de haricot testées, seules 7 variétés se sont avérées prometteuses à des hauts rendements et tolérantes aux maladies », explique Eric Nduwarugira, chercheur à l’Isabu.  

Des avancées oui, mais aussi des défis

Ces opportunités montrent bel et bien que la recherche orientée dans l’agribusiness des jeunes est une activité bien ancrée dans le pays. Le bémol, ces opportunités accouchent une souris sur le terrain, du fait de plusieurs défis. Primo, les jeunes qui essaient d’inventer en agribusiness se heurtent à l’absence d’une institution chargée d’attribuer des brevets d’invention aux éventuels inventeurs. 

Secundo, le pays accuse un manque criant des cadres dédiés à la recherche scientifique. L’effectif des chercheurs est limité, handicapant les connaissances des étudiants en agribusiness. Selon Daniel Ndoye, expert de la Banque Africaine de Développement (BAD), « Au Burundi, pour 1 million de personnes, on compte 23 chercheurs alors que la moyenne mondiale est de 1500 chercheurs », révèle-t-il.

 Tertio, l’Institut de Recherche Agronomique et Zootechnique (IRAZ) qui a son siège à Gitega, n’est plus fonctionnel. Cela fait que le pays accuse un manque à gagner avec l’absence des données agricoles qui devraient servir de base aux jeunes agripreneurs chercheurs.   

Quarto, le financement de la recherche reste largement insuffisant dans le budget national. Seulement un budget de 500 millions BIF par exemple, est rendu disponible par l’Etat à l’Université du Burundi, pour faire marcher ce domaine dans cette université forte de 17 centres de recherche. Sans financement, les jeunes agripreneurs chercheurs sont au chômage.

Que faudrait-il faire ?

La réforme du secteur de la recherche dans l’agribusiness devrait constituer une des grandes priorités du gouvernement. Il faudrait encourager la recherche scientifique en milieu scolaire dès le bas âge, à travers des programmes d’enseignement y compris la pratique. Et ensuite, renforcer cet esprit dans les milieux académiques. Il faudrait aussi investir dans la formation des jeunes pour avoir plus de chercheurs et inventeurs indépendants. Mais aussi, une institution scientifique chargée d’attribuer des brevets d’invention aux inventeurs est une urgence, sans oublier une encyclopédie de l’agribusiness burundais où les recherches seraient inscrites, dans le but d’avoir une base scientifique qui aiderait des générations futures pour créer de nouvelles théories. 

De cette façon, l’esprit de la recherche scientifique aura été encouragé chez la jeunesse burundaise dans le domaine de l’agribusiness, ce qui contribuera par ricochet, au développement de l’entrepreneuriat agricole.