Le 1 avril 2022, le programme d’autonomisation économique et d’emploi des jeunes « PAEEJ » a procédé à la signature des premières conventions de financement des projets des jeunes chômeurs en quête d’emploi. Pour notre collègue Jean Hubert Kwizera, au-delà du financement, un environnement qui prône la liberté économique est primordial pour la réussite du PAEEJ. Analyse.

28 projets et 404 coopératives seront financés en premier lieu, à hauteur d’à peu près 4 milliards de BIF. Et un jeune burundais a droit à un prêt de 30 à 40 millions, à condition qu’il apporte un projet innovant. Alors que ce programme du gouvernement prône l’entrepreneuriat des jeunes pour réduire le chômage, ce programme est venu à point nommé. Nous connaissons tous les aspects négatifs d’un taux de chômage élevé : stagnation économique, augmentation de la criminalité et, dans les cas plus importants, des conflits déstabilisant qui peuvent survenir. Ainsi, permettre aux jeunes burundais d’avoir un travail est de la plus haute importance, pour la stabilité économique et politique du pays.

Mais, face à cet entrepreneuriat, sommes-nous face à une lame de fond qui serait épiphénoménale d’un véritable bouleversement du rapport au travail ? Où sommes-nous au contraire confronté à un effet de mode des jeunes générations qui cherchent à contourner les contraintes trop rigides du travail aujourd’hui ?

Les indicateurs au rouge

Alors que plus de liberté économique entraîne plus d’activité entrepreneuriale, et par ricochet, plus de croissance nationale, les indicateurs d’un bon environnement entrepreneurial font défaut au Burundi. Selon l’indice de liberté économique de 2021 à 2022, la liberté des affaires est passée de 51,8 % à 27,5 % ; le droit de propriété est passé de 28 % à 18,8 %, la liberté du travail de 67,3 % à 41,5 % et la liberté monétaire a chuté de 74,7 % à 70,3 %.

Face à une liberté économique qui ne cesse de se détériorer, sans oublier l’inflation qui reste non-maîtrisée, cela peut affecter l’entrepreneuriat des jeunes sur le long terme, si la tendance ne s’inverse pas. Or, l’entrepreneuriat est un formidable outil de libération et d’émancipation, particulièrement pour les plus pauvres et les plus démunis, comme les milliers de jeunes burundais qui ont été abandonnés par le système du travail. 

Ainsi, en cas d’absence de liberté économique, les jeunes entrepreneurs se retrouvent face à plusieurs défis réglementaires qui influencent négativement la réussite de l’entrepreneuriat.

Que faire ?

L’entrepreneuriat est une réponse efficace aux nouveaux désirs associés au travail, vu comme un élément de la création de soi. La liberté et la flexibilité qu’il permet, correspondent à une soif d’autonomie de plus en plus manifestée chez les jeunes burundais. L’aide financière aux projets est donc une bonne chose, mais, on ne peut rêver mieux que d’exercer l’entreprenariat dans un environnement plus épanoui et plus libre économiquement.Ainsi, pour protéger les jeunes entrepreneurs, il faut inverser la tendance de la liberté économique au Burundi par des politiques libérales telle que la réduction de la taxation au profit des jeunes entrepreneurs et l’exonération au premier temps d’activité entrepreneuriales des jeunes. Il faudrait aussi se concentrer sur la protection des jeunes entrepreneurs contre l’inflation qui a augmenté de 8,3 % en 2021, et qui devrait s’accroître à 9,2 % en 2022. De plus, il faudrait veiller sur la promotion de la propriété privée, pour protéger les entrepreneurs contre les agresseurs qui pourront chercher à user de la corruption, la coercition et la fraude, pour s’emparer des idées entrepreneuriales qui ne leur appartiennent pas.