Tenant compte des statistiques, le Burundi n’est pas très affecté par la pandémie comparé à ceux des autres pays. Pourtant, même dans un contexte où la propagation ne s’accélérait pas, le cycle de récession dans lequel l’économie mondiale reste pendant. Les  mesures préventives adoptées par le pays et au niveau international étant  de nature à  affecter l’économie burundaise dans tous les secteurs. Analyse de notre collègue Kelvin Ndihokubwayo.

L’économie burundaise est principalement rurale et est essentiellement  basée sur l’agriculture et l’élevage. Ce secteur primaire occupe 90% de la population et représente ainsi le grand employeur dans l’économie. Néanmoins, c’est le secteur tertiaire qui contribue plus au PIB. Avec l’arrivée de la pandémie covid-19, que ça soit le secteur primaire, secondaire et tertiaire, les trois ont été affectées d’une manière ou d’une autre.

Soulignons que les principaux canaux de transmission des effets de la pandémie à l’économie burundaise sont le commerce international. Avec l’effet contagion suite aux perturbations des transports, les effets se transmettront à tous les autres secteurs macroéconomiques ainsi que sur le développement social et humain comme l’emploi.

Coronavirus et le secteur primaire

Ce secteur comprend l’agriculture vivrière, de rente ou d’exploitation, l’élevage, la pêche et la sylviculture. Rappelons que l’agriculture constitue un pilier important de l’économie burundaise. Elle représente en moyenne 30% du PIB et génère plus de 40% des recettes d’exportations. Cependant, le secteur est soumis à plusieurs contraintes entravant sa productivité. 

Pire alors, le Covid-19 a entrainé de nouveaux défis pour ce secteur, notamment la difficulté d’importation d’intrants comme les pesticideset les difficultés d’exportation des cultures de rente. Ceci pourrait alors se traduire par une baisse de la production agricole, de la production alimentaire et des exportations agricoles, dans un contexte où les exportations de minéraux et d’autres produits de base sont également soumises à des défis logistiques en raison des restrictions mises en place au niveau international.

Covid-19, un fléau de l’industrie burundaise

Le secteur industriel est peu développé au Burundi. En 2019, il représentait  17% du PIB. Cela à cause d’un manque d’investissement et plusieurs autres contraintes affectant ce secteur, telles que des barrières réglementaires, l’accès à l’énergie, au financement et le manque d’un cadre incitatif pour l’investissement. 

Avec la pandémie, le scenario va empirer. Par exemple, le sous-secteur minier pourrait enregistrer une forte baisse de production en raison de la suspension de certains travaux nécessitant la disponibilité de techniciens étrangers pour les entreprises internationales opérant au Burundi. La branche agro-alimentaire ne sera pas épargnée notamment les brasseries et limonadières qui pourraient être exposées à des ruptures de stocks ou une baisse importante de la production par suite des retards dans l’importation d’intrants et le manque de pièces de rechanges.

Le tertiaire, ce secteur qui rapporte plus au pays

Le secteur des services a enregistré une croissance rapide au cours des deux dernières décennies, devenant le principal secteur de l’économie avec une part du PIB estimée à 51% en 2019 contre moins de 30% deux décenniesauparavant. Pourtant, cette année 2020, la part dans le PIB pourra chuter. La raison est que la plupart des sous-secteurs des services pourraient être impactés par la pandémie de COVID-19.  

Les services commerciaux tels que le transport international et les voyages ralentiront en raison des restrictions sur le commerce et le voyage.En plus du problème de devise, le commerce est exposé à la rareté des marchandises importées. Et, en raison de restriction passées des voyages internationaux et la suspension et d’évènements. Le tourisme et l’hôtellerie constituera l’une des branches les plus touchées.

Le poids du secteur informel dans l’économie burundaise est réel. L’impact sera spécialement ressenti par les petites entreprises et les entreprises du secteur informel qui ont peu d’épargne disponible pour faire face à la hausse du cout des intrants. En l’absence de mesures de soutien, nombre d’entreprises pourraient fermer, provoquant des pertes d’emplois et perte de revenus pour les ménages, dont l’ampleur dépendra d’un plan de riposte des effets de la pandémie.