Au Burundi, dès le 11 janvier 2021, les frontières terrestres et maritimes sont à nouveau fermées. Cela pèse lourdement sur le petit commerce transfrontalier. Les commerçants qui l’exerçaient au poste de frontière Kobero-kabangase disent être  dans le désarroi. Notre collègue Lionel Jospin Mugisha noous fait par de leurs témoignages et de son  analyse. 

Retournons un peu en arrière pour comprendre. Avec la première vague du Covid-19, les frontières de Kobero-Kabanga, celui de Gisuru, et celle de Mugina ( en un mot les frontières avec la Tanzanie) sont restés ouverts. Cela permettait aux commerçants transfrontalier, à continuer le commerce transfrontalier tant bien que mal. Mais avec la deuxième vague de Covid-19, c’est là que ces frontières avec la Tanzanie ont été fermées. 

Il est 11 h du matin, j’arrive au poste de frontière Kobero-Kabanga. C’est à 22 km du chef-lieu de la province de Muyinga. Au nord-est du Burundi. Mon objectif principal est de m’entretenir avec les petits commerçants versés dans le commerce transfrontalier qui sont malheureusement frappés par les effets de la deuxième vague du covid-19 pour le moment.

À 10 h, je rencontre Aicha, une veuve d’environ une vingtaine d’années qui pratiquait le commerce transfrontalier. Elle me raconta sont calvaire. « Je suis veuve et j’ai deux enfants. Il y’a deux ans mon mari est mort suite àun accident de voiture. Depuis, je me suis lancée dans le commerce transfrontalier pour nourrir mes enfants ». Selon cette jeune femme, ce commerce lui rapportait entre 3000 et 4000 fbu par jour. Grace à ce revenu, elle parvenait à nourrir, vêtir, éduquer et soigner ces enfants. «Malheureusement, actuellement, j’ai vidé l’épargne que j’avais constituée. Aujourd’hui pour nourrir mes enfants, je mène un parcours du combattant », se lamente-t-elle. Elle ne sait plus à quel saint se vouer. 

Un cas pas isolé

De même, pour Jules ( pratiquant le commerce transfrontalier avec la Tanzanie), c’est le même son de cloche. «à cause de la fermeture des frontières. Je ne peux plus aller en Tanzanie pour chercher de la marchandise. Et aujourd’hui, je suis dans une extrême pauvreté et je ne sait plus que faire pour nourrir ma famille.Je n’ai pas d’autre choix que de prendre mon mal en patience», confie-t-il.

Ce commerce n’est rien de plus qu’un mode de survie pour ces petits commerçants. C’est grâce à cette activité qu’ils arrivaient à gérer les petites dépenses de la maison.Or, une telle situation ne fait qu’enfoncer le clou de la pauvreté de ces petits commerçants transfrontaliers. Rappelons que 74,7% sont ceux qui vivent dans un état de pauvreté au Burundi. Une tragédie absolue.  

Piste de solution.

L’évidence est qu’ils ont abandonné un métier qui faisait vivre leur famille. Actuellement, ils leur sont impossible d’acquérir leur gagne-pain. À mon humble avis, le gouvernement a un grand rôle à jouer. Il devrait les laisser travailler car leurs enfants sont entrain de mourir de faim. D’ailleurs, afin de s’assurer que les besoins des plus vulnérables soient satisfaits, le gouvernement l’a priorisé dans son Plan Nationale de Développement 2018-2027.

Il s’avère alors nécessaire de mettre en place des alternatives  pour faire à  ce qu’il n’y ait pas de contamination, mais aussi à ce que le mouvement des biens et des personnes ne s’arrêtent pas. Aussi, les  appuyer financièrement  pour relancer leurs activités. Ceci pour leur permettre de reprendre assez rapidement. 

Cette mesure a été prise dans un but sanitaire, mais leurs conséquences économiques pourraient être importantes si rien n’est fait dans l’immédiat.