Alors que d’autres pays comme le Mexique et le Singapour ont su tirer profit de leur appartenance à des communautés régionales de libre-échange, le Burundi n’est pas un si bon élève en matière d’intégration régionale. En témoigne son volume d’échanges intra régionaux et avec le reste du monde qui demeure faible est fortement dépendant de la météo politique, elle-même imprévisible. Et cela malgré son immense potentiel commercial. Pour notre collègue Guillaume Muhoza, dans un tel contexte, peut-on espérer que la mise en place de la ZLEC puisse relever l’économie burundaise ? Analyse.

Alors qu’en Europe et en Asie, le commerce intra-régional représentait respectivement 69% et 59% des exportations totales, en 2016, seulement 18% des exportations totales de l’Afrique étaient commercialisées sur le continent africain. D’où l’idée derrière la création de la ZLEC qui est pressentie comme une étape importante qui rapprochera les pays africains de leurs objectifs de développement. La réussite de la mise en œuvre de la ZLEC sera cruciale pour tous les pays d’Afrique et en particulier pour des pays comme le Burundi dont l’économie tarde à décoller depuis des décennies. Ces pays peu développés profiteront de bénéfices multiples sur le plan économique et social.

Pourquoi et comment le Burundi peut-il bénéficier de cette intégration ?

 La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique estime que grâce à la ZLEC, le commerce intra-africain pourrait augmenter de 52,3% d’ici 2022. La ZLEC correspondra à un marché de 1,2 milliards de personnes et un PIB cumulé de 2,5 billions de dollars. Tel que convenu lors de la 28e session ordinaire de l’Assemblée de l’Union Africaine, la ZLEC va améliorer les échanges commerciaux sur le continent en supprimant immédiatement les droits de douane sur 90% des marchandises, les 10% restants des droits de douane sur les « marchandises sensibles » seront progressivement supprimés. Ce qui devrait en principe, stimuler les échanges intra régionaux et permettre au Burundi d’intégrer un marché plus élargi, car en effet, la ZLEC ambitionne d’assurer une augmentation significative du commerce intra-africain, ainsi que d’inciter les États africains à utiliser les échanges de manière plus efficace, en tant que moteur de la croissance et du développement durable. 

Par ailleurs, au titre de la ZLEC, il a été décidé la réduction des droits de douane sur 90 % des marchandises dans le but d’accroître les échanges intra-africains. Ce qui ne se faisait pas avant, car les États craignaient une perte significative de recettes douanières et une répartition inégale des coûts et bénéfices parmi les pays membre. 

L’accord, une fois ratifié par le Burundi, devra permettre l’installation des multinationales au Burundi et du coup contribuer à la réduction du chômage sans cesse croissant. Cette ouverture des frontières facilitera l’embauche d’une main d’œuvre relativement qualifiée et moins chère.

D’autres à qui profitera la mise en place de la ZLEC sont les consommateurs burundais qui pourront accéder à une plus grande diversité de produits à des prix inférieurs du fait que la ZLEC créera des opportunités d’économies d’échelle. Cela permettra aussi le transfert des denrées alimentaires depuis les zones où elles sont abondantes vers les régions où elles le sont moins. Ce qui est pertinent pour le Burundi où la croissance démographique est élevée et où le défi de la sécurité alimentaire est de taille.  

En outre, la ratification de l’accord de la ZLEC par le Burundi amènera une synchronisation de l’économie burundaise entre les dynamiques économiques des autres pays africains, ce qui est déjà un gage de stabilité et de réponse commune et harmonieuse aux défis socio-économiques.