En célébrant le 8 mars, journée internationale de la femme, notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira puise dans la campagne Mfashakumenya qui milite pour la liberté économique au Burundi, pour démontrer que les réformes et les politiques libérales  qui autonomisent la femme, stimulent la croissance économique. 

Des femmes rurales aux femmes sans emplois vivant en coins péri-urbains, des domestiques aux vendeuses de rue, en passant par les fonctionnaires aux faibles revenus … elles sont nombreuses à rêver de l’autonomie économique. 

Josephine Ndayizeye, la vingtaine, est l’une d’entre elles. Vendeuse des avocats en coin péri-urbain du centre-ville de Gitega, elle a voulu ouvrir un compte bancaire d’épargne, et s’est heurté au refus de son mari, chauffeur de bus. « Comment une femme peut avoir un compte bancaire alors que son mari n’en a pas ? Si tu veux l’ouvrir, ouvre-le à mon nom », lui a rétorqué ce dernier. Elle n’a pas protesté et c’est son mari qui gère toutes ses économies. Aujourd’hui, malgré son affaire florissante, elle n’a même pas de carte  d’assurance-maladie, et son enfant est souvent renvoyé du lycée par manque de minerval.   

Un cas pas isolé

Le manque d’égalité homme-femme du point de vue économique, menace la sécurité économique des femmes burundaises, l’évolution de leur carrière et l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie de famille. Cela empêche ces femmes d’entrer dans la vie active ou de créer une entreprise. 

Selon l’indice du rapport « Les femmes, l’entreprise et le droit » de 2019, le Burundi avait un score de 73,13%, sur un score mondial moyen de 75,2%. Même si les statistiques sont bonnes, il y a beaucoup à faire vu que nous sommes en queue de liste dans la région des grands lacs, où l’édition 2020 classe le Burundi (73,1%) derrière l’Ouganda (73,13%), la Tanzanie (84,4%), le Kenya (80,6%), la RDC (78,8%) et le Rwanda (78,8%).

L’accès au crédit, un levier déterminant

Un des défis pour libéraliser le potentiel économique de la femme burundaise, est l’accès au crédit. En 2018, selon l’enquête nationale sur l’inclusion financière, seulement 12.07% de femmes possédaient un compte bancaire, contre 32.63% pour les hommes. Cette disparité a joué sur les demandes de crédits, avec 3,06% pour les femmes contre 8.47% pour les hommes. Selon le professeur Rédempteur Ntawiratsa, l’emprunt étant conditionné par la possession d’un compte bancaire, par des garanties et par un apport personnel important, la majorité des femmes s’en voient d’office écartées. Elles se tournent donc vers des modes informels de prêt qui les fragilise, les expose à des risques d’exploitation, ce qui perpétue le cycle de la pauvreté et la dépendance économique. Face à cette situation, la récente banque des femmes qui vient d’être promu par le gouvernement, est à saluer.

En somme, la libéralisation du potentiel économique des femmes burundaises s’effectuera par la suppression des lois administratives entravant la libre circulation des filles et femmes, la suppression des clauses discriminatoires liées à la propriété foncière et les droits de propriété entravant leur inclusion financière. Il faudrait aussi soutenir l’État de droit grâce à laquelle la Burundaise pourra atteindre des niveaux d’éducation et des revenus plus élevés.