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Les investissements privés constituent un socle pour le développement des pays. Si le Burundi a fait des avancées dans l’assainissement de son environnement des affaires, le business, lui,  fait toujours face à certaines entraves. Jonathan Ndikumana nous brosse le tableau de la situation en matière de liberté d’investissement au Burundi.

Le rapport Doing Business 2020 rédigé par les experts des institutions de Bretton Woods en témoigne. Le Burundi est classé  166ème alors que le niveau de facilité de faire des affaires baisse légèrement par rapport à l’année précédente. Ce pays avait été placé  168ème par le même rapport  dans son édition de 2019. 

L’Agence de Promotion d’Investissement (API) a fait des performances considérables ces dernières années. Cet acteur incontournable dans la promotion des affaires au Burundi affirme dans son dernier rapport avoir enregistrées en 2018 une augmentation du nombre d’entreprises enregistrées par rapport à l’année précédente jusqu’aux environs de 50%. En réduisant les coûts  en temps et en moyens financiers et en accordant des avantages à certains investisseurs, l’API a pu stimuler la création de nouvelles entreprises.

Les barrières réglementaires freinent toujours l’action commerciale

Le monde des affaires au Burundi fait encore face à certaines barrières règlementaires. Le mode opératoire des institutions engagées dans la certification et la délivrance des licences pour les entreprises à savoir le Bureau Burundais de Normalisation et contrôle de qualité (BBN) et le Centre National de Technologie Alimentaire (CNTA) freine le développement des affaires. L’obtention d’une certification ou d’une licence exige un long parcours pouvant s’étendre sur de longs mois. L’entrepreneur est obligé de rassembler de nombreux documents qui lui font perdre du temps. Selon les informations recueillies auprès d’un investisseur le renouvellement de la certification après seulement  12 mois dérange les affaires. Tout ceci gêne la création et l’épanouissement de petites et moyennes entreprises. 

Sous l’angle juridique, la sécurité des capitaux n’est pas bien garantie au Burundi. La justice burundaise traîne souvent à trancher  un différend lié aux conflits d’affaires. Conséquence : suspension des activités financières pour l’intéressé sur de longues périodes en cas d’un incident juridique—ce qui peut conduire une entreprise à la faillite. Ceci pourrait amener à la réticence d’investir au Burundi, surtout pour les étrangers.  

Le système bancaire burundais pas en reste. 

Le non accès au crédit constitue l’une des entraves majeures qui étouffent l’investissement.  Avec le taux d’inflation de -2,74% pour la BRB et de 2, -2,6% pour la Banque Mondiale, les taux d’intérêt élevés allant jusqu’à 20%  contribuent à l’échec des activités commerciales. Certains particuliers deviennent réticents et évitent de contracter une dette pour financer leurs activités, tandis que les plus audacieux éprouvent des difficultés à rembourser. 

Pour tout dire, les institutions chargées d’aider dans la promotion de l’investissement doivent être dotées des moyens financiers et techniques pour être plus performants. La politique nationale devrait supprimer certaines réglementations et casser les barrières non tarifaires pour encourager et soutenir l’investissement. Cela rendra l’espace des affaires plus dynamique et attirant pour les investisseurs étrangers.