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La libéralisation du travail est un des indicateurs qui témoignent la liberté économique d’un pays. Même si le Burundi garantit cette libéralisation via le code de travail, notre collègue Lambert Hakuziyaremye, trouve en même temps que certaines lois le contredisent. Analyse.

C’est une évidence, la liberté de travail et celle d’entreprendre sont des principes fondamentaux garantis par le code du travail au Burundi. L’article n°1 du code du travail en vigueur, celle de 1993, stipule que « toute personne peut librement exercer l’activité professionnelle de son choix, pour son propre compte ou au service d’autrui, recruter le personnel qui lui est nécessaire, et changer librement d’emploi ». Bien que juridiquement cette liberté de travail ou d’entreprendre, soit une garantie pour toute personne, certains textes règlementaires ne tiennent plus compte de ce code du marché du travail et du fonctionnement des entreprises.

Le code bafoué

Ces jours-ci, certaines mesures administratives viennent contredire l’article ci-haut cité. Les vendeurs de cartes de crédits téléphoniques et les propriétaires des bistrots dans la capitale économique et certaines villes du Burundi, peuvent en dire plus. Pour « des raisons économiques et sanitaire. Dorénavant, les débits de boissons ouvrent à partir de 17h pour fermer à 21h (les jours ouvrables) et de 13h à 21h pour les jours fériés. Le commerce des cartes de recharge au bord des rues et sous les parasols est strictement interdit à Bujumbura, et le commerce ambulant est suspendu dans la commune Mukaza », lit-on dans un communiqué de la Mairie de Bujumbura, le 22 novembre 2019.

Josiane est une étudiante, vendeuse de cartes de crédits et des services de transfert d’argent. Elle n’est pas contre la règlementation de ces services, mais se demande jusqu’où et quand ? « Comme les autres services commerciaux, il pourrait nous exiger l’impôt ou la taxe, mais nous chasser sans une autre alternative, c’est une restriction à notre liberté d’entreprendre ». Quant à Jean-Bosco, propriétaire d’un bistrot, il se lamente : « Cette mesure est dévastatrice sur le plan économique, la sécurité devrait plutôt être renforcée pour nous permettre de travailler 24h/24 au lieu de nous limiter à 21h. Si on a un chiffre d’affaires journalier élevé, le pays en bénéficierait, la TVA augmenterait, et notre activité progresserait très bien », explique Jean-Bosco.

La libéralisation comme solution

La forte législation du travail et de l’entreprise, constitue l’une des entraves majeures de la liberté d’investissement économique. Dans un pays pauvre comme le Burundi, avec un taux de chômage très élevé, et surtout chez les jeunes où il atteint 65%, la liberté de travail et celle d’entreprendre pourrait être salutaire. Les législateurs devraient entretenir un environnement favorable à l’investissement, et réduire voir abolir les mesures restrictives à l’activité entrepreneuriale et celles liées aux processus administratifs pour la création d’une entreprise.

À mon humble avis, les décideurs politiques et économiques devraient mettre en place beaucoup plus des mesures attractives pour les investisseurs, tant nationaux qu’internationaux. Dans le cadre de son intégration régionale, le Burundi devrait rajeunir son code de travail qui est vieux de 27 ans, et mettre en place des textes réglementaires qui garantissent efficacement la liberté de travail et d’entreprendre, afin d’en tirer profit. Dans le cas contraire, le pays fera toujours face à une fuite des capitaux vers d’autres pays où les règles sont favorables pour les entrepreneurs.