Le 25 novembre, le gouvernement du Burundi a pris la décision de suspendre l’achat et la vente d’or par les comptoirs privés, au profit de la banque centrale. Pour notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira, cette mesure d’interventionnisme étatique dans les affaires entrave le libre-marché.

La décision est tombée comme un couperet. Les activités d’achat et de vente de l’or par les comptoirs privés ont été suspendues. Seule la banque de la République du Burundi achètera de l’Or produit par les coopératives et les sociétés minières. Il a été même demandé aux comptoirs qui disposent de stocks d’or, de le vendre sans délai à la banque centrale. Et tout cela en franc Burundais, alors qu’il se faisait en dollars USD.

Avec cette décision, « alors que les coopératives minières jouissaient du choix de vendre au plus offrant, de même que les comptoirs miniers, nul doute que ce monopole de la banque centrale va nous serrer dans un étau fatidique par manque de concurrence », confie un employé d’un comptoir minier, sous couvert d’anonymat. Selon un bijoutier de Gitega, cette décision ne sera pas sans conséquence, car l’or ne sera plus disponible sur le marché local. Selon lui, « cela rallongera les délais de livraison des commandes de ceux qui font les bagues de mariages en or », s’exclame-t-il. 

La liberté de la concurrence bafouée

Via la libre concurrence, chacun dispose de la liberté d’exercer une activité, de produire et de vendre aux conditions qu’il souhaite. L’Etat n’intervient que pour garantir le libre jeu des règles. Avec cette décision, cette libre-concurrence vient d’être bafouée. Le marché du commerce de l’or ne sera plus équilibré. Pour mieux avoir une idée plus claire, le principe de liberté du commerce via la concurrence permet d’acheter et de vendre sans restriction de monopole, et de commercer librement. La libéralisation de ce commerce de l’or via les comptoirs privés respectait ce principe. Les avantages étaient palpables : pendant le premier trimestre de 2018, l’or a alimenté le pays environ 56 milliards de FBu, classant l’or premier fournisseur de devises du pays.

Pour le président de l’observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques, cette décision est contreproductive : « Elle risque de pousser les comptoirs d’origine étrangère à plier bagages, et va favoriser plus la fraude et surtout la corruption qui est déjà érigée en mode de gouvernance ».

À mon avis, au lieu de bafouer la libre concurrence avec tous ses avantages, le gouvernement devrait s’asseoir avec ces comptoirs privés en vue de trouver une solution aux rapatriements des devises qui cause souvent problème. Le mieux serait d’embrasser le système libéral qui respecte la liberté du commerce et la libre concurrence, auteur  de la croissance économique globale.