Le Burundi étant un pays sans accès à la mer, les coûts de transport en provenance et vers le Burundi, pèsent lourdement. Pour réduire ce défi et améliorer le libre-échange, notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira voit dans le lac Tanganyika, via le transport lacustre, une aubaine à ne pas négliger.

Pour l’importation-exportation, la voie routière est l’habitué des Burundais. Essentiellement par le corridor Central via Dar-Es-Salaam et le corridor Nord via Mombassa. Quel que soit l’itinéraire choisi, les coûts de transport des marchandises et passagers, pèsent lourdement sur les échanges extérieurs du Burundi. Selon un rapport des Nations Unies, les coûts de transport représentent 24 % de la valeur des exportations au Burundi, alors que la moyenne est de 17,2 % pour les pays en développement et 8,6 % pour les pays développés.

Face à cette voie routière, il y a aussi le lac Tanganyika. Curieusement, le transport lacustre est presque oublié. Pour illustration, les marchandises en destination du Burundi via le port de Dar Es Salam sont évaluées à 350 mille tonnes/an. En 2018, ils étaient 33 200 tonnes de marchandises importées via le lac Tanganyika, et 22 400 tonnes en 2017. Des chiffres insignifiants par rapport à ceux empruntant la voie routière.

Inexploitation 

Le transport via le lac Tanganyika est négligé. C’est une évidence. La preuve en est que, selon le directeur de la société « Global Port Services Burundi » exploitant le port de Bujumbura, la capacité d’accueil de ce port en tonnes n’est pas encore atteinte en importations. « Ayant une capacité de tonnage de 500 milles, elle n’a jamais été atteinte ». En effet, le tonnage le plus élevé qu’a connu le port de Bujumbura a été de 235 tonnes par le concessionnaire qui a précédé la société, et le Global Port Services Burundi n’a pas encore dépassé un tonnage de 180 milles tonnes, qu’elle a enregistré en 2017.

Avantages

Le trafic lacustre sur le Tanganyika, par rapport au trafic routier, est plus rapide et peu onéreux. Explique le directeur général du port de Bujumbura. « Via le lac, une tonne de marchandises de Dar-Es-Salaam arrive à Bujumbura à un coût estimé entre 95 et 100 USD, alors que par trajet routier, le coût pour la même unité de mesure est de 180 USD ». Qui plus est, il n’existe pas de barrières non-tarifaires dans le transport lacustre, qui entravent le libre-échange et le commerce transfrontalier. Cela favorise la réduction du temps et des coups de transport, l’amélioration de la connectivité des ports lacustres et des pays enclavés avec le port de Dar-es-Salaam.

Que faire ?

Il est évident que le lac Tanganyika constitue un axe très stratégique pouvant assurer un trafic plus accru entre le port de Mpulungu en Zambie et ceux de l’est de la RDC via les ports de Kalemi et Kalunda,… et la Communauté Est Africaine via le port de Bujumbura et les ports de Kigoma et Kasanga en Tanzanie. Ce qui serait une manne pour le Burundi de par son positionnement stratégique. Pour y arriver, le programme visant la relance du transport lacustre sur le lac Tanganyika doit être mis en application. Ceci implique la modernisation du port de Bujumbura par l’extension des quais, l’acquisition de nouveaux bateaux de transport des marchandises et des passagers, la construction de hangars pour les conteneurs et l’amélioration de la sécurité lacustre. Des défis à relever.