Dans le domaine foncier, la femme burundaise n’a pas droit à ce chapitre. L’absence de propriété des terres en droit et en fait laisse beaucoup de femmes burundaises dans le dénuement et celui-ci les maintient dans une situation d’inégalité sociale.  Notre collègue Lionel Jospin Mugisha préconise le vote de la loi sur les successions sur la table de l’Assemblée nationale depuis 2003.  

La plupart des femmes burundaises se heurtent à des obstacles juridiques et culturels pour hériter des terres : « Marie Ntunzwenimana, jeune femme de 28 ans. De son mariage avec Jean Ndikuryayo, 42 ans, sont nées quatre filles. Furieux de n’avoir engendré que des filles, le mari imputa à sa femme ce « mauvais sort ». Pire, la jeune femme a été chassée du toit conjugal. A Makamba où il réside, Jean entretient une relation de concubinage avec une autre femme. Cette dernière, il est né un garçon. A partir de cet instant, un calvaire a commencé pour Marie. Elle n’aura aucun droit sur la propriété familiale alors que c’est elle qui s’occupe des quatre petites filles. La propriété est gardée par ses beaux-frères».

Au Burundi, l’accès à la terre est très inégal entre les hommes et les femmes. Selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2008, sur 80,2% des propriétaires fonciers, 62,5 % sont des hommes et 17,7% des femmes.

De manière générale, les femmes constituent la principale catégorie de citoyens accédant difficilement aux droits fonciers et à la sécurisation foncière.

Problématique d’accès à la terre en ville.

 Le problème de l’héritage des femmes ne touche pas uniquement les femmes rurales, mais également celles des villes et intellectuelles. « Quand mon mari est mort, toute sa famille s’est acharnée contre moi pour prendre tous les biens laissés par le défunt. Et l’un des arguments majeurs était que j’avais mon salaire et mes propres moyens de vivre et que je ne devais pas ainsi profiter du labeur de leur enfant, par ailleurs mort de fatigue. Et le juge qui nous a entendus pour la première fois m’a presque dit la même chose : pourquoi ne pas tout laisser à cette vieille maman et vivre de ton salaire ».

Des conflits fonciers, les femmes  en savent quelque chose. Qu’elles soient veuves, divorcées ou remariées, elles se heurtent presque toutes au déni d’héritage.

Principe de liberté et de la non-discrimination

Pour favoriser le contrôle de la propriété foncière par les femmes, l’Assemblée nationale devait voter une loi sur les successions, les libéralités et les régimes matrimoniaux dans les tiroirs de cette institution depuis 2003.

L’adoption d’une loi sur les successions, les régimes matrimoniaux et les libéralités est nécessaire. Cependant, elle ne peut pas suffire à elle seule pour endiguer une discrimination ancrée dans les mentalités, dans les pratiques sociales, administratives et institutionnelles.

Ainsi, il faut un dispositif de sensibilisation, aussi bien au sein des sphères gouvernementales qu’au sein de la population en général. En outre, il faut prévoir des moyens financiers nécessaires pour la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des réformes engagées.

«Parvenir à la liberté, l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles » tel est un objectif de développement durable capital pour la réalisation de l’ensemble de l’agenda 2030. Les questions de genre touchent à tous les secteurs éducation, santé, agriculture, énergie, sécurité, etc.