Comment la mise en application du décret N°100/099 du 8 Août dernier sur l’interdiction de l’importation, de la fabrication, de la commercialisation et de l’utilisation des sachets et d’autres emballages en plastiques peut avoir un impact positif sur la balance commerciale au Burundi ? Le blogueur Kevin Ndihokubwayo donne ci-dessous des explications.

Selon le bulletin du commerce extérieur sur les marchandises de l’Institut des statistiques et des études économiques du Burundi (Isteebu), au cours du troisième trimestre de 2017, le déficit de la balance commerciale s’est accentué de 14.3% par rapport à la même période en 2016, malgré une augmentation de 19.6% des exportations, contre 15.3% des importations.

Le Burundi est un pays consommateur. Il importe quatre fois plus qu’il n’exporte, ce qui fait que sa balance commerciale est structurellement déficitaire. En 2017, le Burundi a exporté pour l’équivalent de 100 millions de dollars américains et importé pour l’équivalent de 422 millions de dollars américains.

En effet, le Burundi est le plus grand importateur des pays de la communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), du marché commun d’Afrique Australe et Orientale (COMESA) et de l’Union européenne (UE), avec respectivement 21.8%, 16.3%  et 15.5% du total des importations.

Néanmoins, le pays a besoin de devises pour faire des importations. Ces dernières proviennent souvent des exportations, des investissements directs étrangers, des dons et autres. Or, le Burundi occupe la 180ème place en matière d’exportation dans le monde. L’exportation du café et du thé devient de plus en plus limitée à cause de la faible production et de la chute des prix sur le marché  international.

Autant d’éléments chiffrés prouvent qu’au Burundi les réserves de change sont très faibles et limitent considérablement les importations, même pour les produits que le gouvernement considère comme prioritaires.

Réduction d’une forte dépendance aux devises   

Il est vrai, comme l’Isteebu le souligne, le Burundi a connu une diminution des réserves en devises en 2017. Cette insuffisance de devises rend difficile le financement de l’activité économique car elle freine les importations.

Nous avons  besoin de beaucoup de devises pour financer les importations. Suite à ce décret, les devises pour l’importation des sachets et autres emballages en plastique ne seront plus demandées ce qui engendrera une très minime baisse du déficit commercial.

En plus, en raison de substitution des sachets et emballages en plastique, la mise en application de ce décret favorisera la promotion des entreprises locales. Citons, la PACOBU (Paper Converter Burundi) qui a déjà commencé à investir dans la fabrication des emballages en papier kraft, mais aussi, le jeune entrepreneur Allégria Nduwimana à la tête d’une entreprise de confection d’emballages écologiques.

Afin de répondre favorablement à la demande nationale, sans mettre de côté l’option de se spécialiser en vue de rendre leurs produits plus compétitifs sur le marché régional et international, ils devront  accroître leur production. Pour y arriver, ces entreprises devront augmenter leur main d’œuvre, d’où il y aura création de l’emploi et l’augmentation des exportations du moment où les produits de nos entreprises auront une compétitivité-prix, qualité et quantité dans la région.

Plusieurs défis sont à relever

Pour que ce décret entraîne une diminution du déficit budgétaire, il faut un climat d’affaires sain qui encouragera les promoteurs économiques étrangers, dans des projets de substitution et de recyclage des sachets et des emballages en plastiques, à investir dans ce secteur. Ces investissements directs étrangers vont contribuer à l’entrée des capitaux, ce qui réduira la vulnérabilité du Burundi en ce qui concerne les comptes extérieurs.