Un bon nombre de commerçants de pagnes en provenance de la RDC les font entrer au Burundi par fraude. Ils craignent les taxes qui selon eux sont exagérées. Pour le blogueur Isaac Newton-Fikili, il s’agit d’une politique de protectionnisme en faveur des pagnes fabriqués localement. Néanmoins, il soutient que cette politique ne profite ni à l’Etat ni aux consommateurs.

Lorsque l’on évoque le sujet du marché libre, l’on fait allusion notamment à la libre circulation des produits avant toute chose. Puisque mon observation porte sur la région des Grands lacs, je vais parler dans les lignes suivantes de la libre circulation des produits entre les pays membres de cette communauté.

Je vais insister sur la vente des pagnes en provenance de la République démocratique du Congo (RDC). Personnellement, je suis étonné des impôts réservés au Burundi aux pagnes en provenance de ce pays voisin.

Au marché de ‘‘Chez Siyoni’’, à côté de la gare des agences de voyage en partance vers l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie, il y a des emplacements pour les commerçants des pagnes. A chaque fois que j’y passe, j’ai l’impression que les vendeurs restent sur le qui-vive.

Ils savent que les agents de l’OBR ne sont pas tendres vis-à-vis des pagnes en provenance de la RDC. Un bon nombre de commerçants font entrer les pagnes  illicitement sur le territoire burundais. Ainsi, cet office de collecte des recettes enregistrent beaucoup de pertes au niveau des rentrées.

Il sied que je mette l’accent sur le recours à la fraude de ces commerçants. Pourquoi ils ne font pas entrer leurs biens en bonne et due forme ?

«Le prix fixé par l’Etat pour le dédouanement est exorbitant. Il fait preuve d’une politique de protectionnisme en faveur des pagnes produits localement», indique Mme Christa (pseudo), commerçante de pagnes au marché de Chez Siyoni.

Personnellement, je désapprouve une telle politique d’autant plus que nous appartenons à la même famille régionale : la Communauté économique des pays des Grands lacs (CEPGL). L’appartenance à cette communauté devrait garantir une libre circulation aussi bien des personnes que des marchandises.

Trop d’impôt tue l’impôt

Mme Julie (pseudo), commerçante des pagnes qui pratique ce commerce clandestin, soutient qu’elle fermerait si elle tenait à se conformer à la loi. «Pour une pièce de pagne venant de l’extérieur, la taxe est de 15.000 Fbu  alors que l’achat en gros est estimé à 28.500 Fbu».  Elle rappelle qu’elle le revend au détail à 30.000 Fbu.

Or, en considérant toutes les opérations effectuées, elle dit que le prix pour une pièce serait de 43.500 Fbu. « Ainsi, avec un pouvoir d’achat des Burundais qui diminuent d’un jour à l’autre, qui pourra se permettre de débourser 43.500 Fbu pour une pièce de pagne ? », se demande-t-elle.

Mme Julie indique qu’elle n’y peut rien : «C’est mon gagne-pain. Si j’emprunte des voies légales, je ne pourrai pas m’en sortir. C’est pour cette raison que je prenne les risques pour que je puisse continuer à exercer ».

De son côté, Mme Lyse Nibaruta, une femme amateur inconditionnelle des pagnes, insiste sur la qualité des pagnes d’outre-Rusizi. Ils ne perdent pas leur clarté au fil du temps. Elle pense que cela pèse énormément sur la considération dont les Burundaises en particulier font preuve vis-à-vis de ces pagnes.

Pour pallier à ce jeu de cache-cache entre les commerçants et les agents de l’OBR, je suggère qu’on revoie à la baisse le prix fixé pour le dédouanement. Aucun commerçant ne pourrait pas engager son capital lorsqu’il voit qu’il n’y tirera rien. C’est la règle. L’Etat doit privilégier le principe du « gagnant-gagnant ».

Le cas échéant, les commerçants travailleront dans la légalité et l’Etat tirera profit de ce commerce par la voie des rentrées. Au cas où les autorités burundaises voudraient protéger l’industrie locale, elles doivent faire en sorte qu’elle produise des pagnes de qualité, qui peuvent concurrencer celles en provenance d’autres pays en particulier celles de la RDC.

Autrement, d’une part l’Etat perdrait parce que les commerçants emprunteront toujours des voies clandestines. Et d’autre part, les consommateurs car avec la concurrence, ils peuvent faire le choix et de plus, acheter les pagnes à bas prix.