Dans certains quartiers de la ville de Bujumbura, des boutiques sont agglomérés avec presque les mêmes articles. Visent-ils à tout prix un gain d’une économie de marché ou c’est une économie de subsistance qui à part un gain minime suppose certaines considérations sociales et une autoconsommation ? Le blogueur Arnaud Favina fustige l’absence de la spécialisation dans la vente.   

Qui dit quartier, sous-entend plusieurs personnes qui habitent une même localité. La présence de ces derniers suppose des besoins qui doivent être comblés et les boutiques sont le dépannage de proximité. Mais, leur prolifération inquiète, elles laissent penser à une anarchie.

Nous sommes au quartier Gasenyi de la zone Gihosha, en Commune Ntahangwa. Au parcours de la première avenue BURUHUKIRO qui pénètre le quartier, à la troisième avenue MUVUGANGOMA qui se prolonge à l’école technique de Kamenge (ETS Kamenge), pendant une journée, j’ai recensé 51 boutiques ouvertes. Certaines étaient même situées à moins de 20 mètres les unes des autres. Parmi elles, 47 vendaient à plus de 80 % les mêmes produits, à part 5 boutiques qui avaient, en plus des articles retrouvés dans la plupart d’autres, des produits comme le miel, le vin et certaines variétés de jus.

Des interrogations ont alors surgi dans mes pensées : «La  création de ces boutiques, a-t-elle résulté d’une analyse de la demande pour que les habitants des environs aient, ce dont ils ont besoin ? Leurs propriétaires, ont-ils analysé le marché dans lequel ils se lancent ? »

Pour Janvier (pseudo), un de ceux qui travaillent dans ces boutiques, c’est rare que des gens fassent une analyse du marché : «Lorsque les gens remarquent qu’un commerce marche pour l’un ou l’autre, autant le faire aussi, les clients ne manqueront pas. Or, s’il y avait analyse au préalable du marché, on ne pourrait pas avoir des boutiques qui se suivent directement avec presque en totalité les mêmes produits, alors qu’il existe des endroits où sur de longues étendus, il n’y a pas de boutiques».

Alexis (pseudo), un autre tenancier d’une boutique, estime que ces boutiques sont à vocation d’autoconsommation. La plupart d’entre elles sont au domicile du propriétaire.

 Spécialisation de l’offre

«L’économie de subsistance est taxée de traditionnelle et il faut penser  à une économie de marché basée sur la concurrence, l’étude du marché, la spécialisation ou la diversification des produits », explique Kelvin, étudiant en mastère d’économie à l’université du Burundi.

En effet, aucune boutique dans cet intervalle parcouru à part deux boucheries et une maison de maquillage n’est spécialisée dans la production d’une seule gamme de produits. Il sied par exemple que l’une d’elles se spécialise dans la pâtisserie et autres produits de farine.

Un autre pourrait faire une légumière, d’autres devraient s’investir dans la vente des produits de maquillage, d’autres dans les produits de lavage. Cela pour une diversification des produits en vue de la création des richesses.

En se spécialisant, chacun s’instruirait dans son domaine et innoverait pour le bien de tous. Sinon, en continuant à vendre les mêmes produits, les efforts pour un meilleur revenu risquent d’accoucher d’une souris.