Au Burundi, alors que la restriction du commerce de certains produits entrave la libre-circulation des marchandises, les barrières internes en termes de perceptions de taxes viennent enfoncer le clou. Notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira, témoigne d’un défi qui mérite d’être relevé au nom de la libre-entreprise.

Niyonkuru Médiatrice est fournisseuse des avocats au marché COTEBU, à Bujumbura. Elle s’approvisionne à Gitega. Là-bas, un petit panier de 15 avocats s’achète à 1000 FBU. C’est-à-dire 67 FBU l’avocat. Pour des avocats d’une somme de 30 000 FBU, elle paie 3000 FBU de taxe communale pour le compte de la commune Gitega. La commune dispose des agents de recouvrement sur place. Avant d’arriver à Bujumbura, elle est contrôlée trois fois par les policiers, pour vérifier les tickets de paiements de ces taxes. Arrivé à l’entrée de la Mairie de Bujumbura, plus précisément à l’endroit communément appelé « Iwabo w’abantu », elle paie 4000 FBU de taxes pour le compte de la Mairie, après avoir montré les tickets de paiement reçus à Gitega. Au total, une somme de 7000 FBU de taxes qu’elle doit payer avant de vendre ses avocats. L’équivalent de 15 FBU de taxes par avocat. 

Selon Niyonkuru, ces taxes l’empêchent de jouir pleinement de son business, en le faisant perdre du temps et de l’argent. « Time is money, si je pouvais payer une fois pour toutes à Gitega où je m’approvisionne, cela m’arrangerait beaucoup ».

Taxes municipaux, un casse-tête

Même le commerce dans la Mairie de Bujumbura n’est pas un jeu d’enfant. Les jeunes entrepreneurs font face à un dilemme quand il s’agit de payer les taxes municipales. Ne sachant pas quand et où payer les taxes, ces entrepreneurs finissent parfois par jeter l’éponge. Floribert Ndikumana, est jeune entrepreneur de la zone Kinama. Il a démarré son business avec un capital de 500.000 FBU et avait un petit kiosque dans ce quartier. « Après quatre ou cinq mois, j’ai vu les agents de la Mairie débarquer pour exiger les taxes. À ma grande surprise, ces derniers m’ont sommé de payer une coquette somme de plus de 90.000 FBU. Considérant ce que je gagnais et ce que je devrais payer comme taxe, j’ai dû me résoudre à fermer », se plaint Ndikumana, de la lourdeur de cette taxe municipale.

Un défi à relever 

Selon le sage Voltaire, « le pays où le commerce est le plus libre sera toujours le plus riche et le plus florissant, proportion gardée ». Quand le commerce est libre, le cultivateur y trouve son compte en vendant ses produits à un bon prix. La commerçante même chose, car elle n’a pas les taxes et autres barrières sur son dos. Le consommateur est satisfait aussi, car il trouve facilement les produits dont il a besoin, lui aussi à bon prix.

Pour relever ce défi, les autorités doivent veiller à ce que les barrières mises en place pour la perception des taxes ne nuisent pas à la circulation des marchandises, ou que ce qui ne sont pas légales soit retirées. Au cas contraire, les commerçants continueront à y perdre trop de temps et d’argent. Il faudra aussi que les autorités locales s’organisent à ce que la collecte de ces taxes ne soit pas excessive, pour étouffer le business des jeunes entrepreneurs.