La campagne Birashoboka vise des réformes de réglementations dans les pays des grands-lacs en général et au Burundi en particulier. D’après notre collègue Romaine Bukuru, témoignages à l’appui, le certificat de conformité environnemental figure parmi ces barrières qui entravent la libre entreprise au Burundi.

Dans l’article 124 du décret-loi N°/010 du 30/06/2000 portant code de l’environnement de la République du Burundi, on y trouve tous les devoirs d’un entrepreneur écologiste. Conformément aux normes nationaux qu’internationaux, l’organisme qui s’engage dans la collecte des déchets doit faire recours à un consultant qui approuve que l’entreprise ne sera pas nocive pour la nature environnante. Ainsi, l’entrepreneur obtiendra son certificat de conformité environnemental. Ce consultant fixe son prix conforme à son diplôme.  Un casse-tête pour certains entrepreneurs qui, après l’enregistrement de leur société, courent un risque de fermer sans débuter aucune activité.

Un entrepreneur témoigne

Alkemyst menant ses activités au Burundi est une entreprise de fabrication des meubles à partir du recyclage des vieux pneus et bouteilles en plastique qui a su tenir tête à des différentes barrières imposées dès sa création.

«Natif de Bukavu au Congo, je fus un lauréat de l’Université Lumière de Bujumbura en droit.

En 2015, à la fin de mes études, je suis retourné dans ma ville natale pour travailler dans des cabinets d’avocats comme secrétaire mais comme, je ne le sentais pas dans ma peau, j’ai tout abandonné pour être un entrepreneur et s’auto-développer ».

Et de  continuer : « Après maintes reprises à créer mon entreprise dans ma ville mais en vain, je suis retourné au Burundi. Commencé en 2016 à Bujumbura, notre activité était la fabrication des meubles à partir des pneus recyclés et bouteilles en plastiques. Nous avions une demande forte mais vendre nos produits, c’était difficile car l’entreprise était en manque de Numéro d’identification Fiscale. Alors, j’ai pu payer les 40 000 francs à l’Agence de Promotion de l’Investissement pour l’avoir. Et ce n’était que le début »

Obtenir le certificat de conformité environnemental, ce n’est pas aisé.

En ouvrant une entreprise, on te considère déjà comme une grande multinationale alors que c’est tes premiers pas. De plus, pour pouvoir continuer à exercer mes activités de recyclage et de fabrications, je devais avoir le certificat de conformité environnemental, un document qui n’exige pas des frais. Tout ça semblait facile. Mais, le coup s’est fait entendre le jour où je me suis dirigé au ministère de l’environnement. Ils m’ont envoyé voir un consultant à qui je devais payer plus de 500 000 Fbu. Mon espoir diminua, j’ai toqué ici et là demandant des crédits auprès de mes amis. Heureusement après  trois mois, j’ai eu la somme, témoigne encore Yapheti Leo Cheko, le fondateur et créateur d’Alkemyst. 

Selon lui, le chemin du libre-entreprise dans la région des Grands lacs est encore épineux.

Le ministère ayant l’environnement en ses attributions devrait s’inspirer des règles qui ont pour objet d’encourager les initiatives privées en prévoyant des mesures qui visent à libéraliser l’économie les investissements. Pourquoi pas par exemple disponibiliser ce certificat gratuitement pour les entrepreneurs débutant ?