Au Burundi, l’entrepreneuriat des jeunes est jonché d’une multitude de défis. L’accès aux crédits est l’un parmi beaucoup d’autre que les jeunes entrepreneurs rencontrent. Notre collègue Janvier Cishahayo saluant l’idée d’une banque des jeunes souhaite que cette dernière atteigne  toutes les catégories d’entreprise pour plus d’efficacité. 

Selon l’Institut des Statistiques et des Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU), les jeunes âgés de 18 à 35 ans représentent 52% de la population burundaise. Sachant que 70% de la population est exclue du système financier et que 3.7%  constituent ceux ayant un compte en banque, le constat est que les jeunes constituent la première catégorie touchée par l’exclusion du système de financement des affaires.

Avec la création en cours de la banque des jeunes, l’espoir renaît dans le monde entrepreneurial des jeunes. Cependant, les interrogations persistent quant au mode d’octroi des  crédits et aux potentiels bénéficiaires.

Entre espoir et interrogations

Didier, jeune entrepreneur œuvrant dans l’agribusiness, précise qu’il y a deux ans, lui et quatre autres jeunes, ont démarré une micro entreprise dans la transformation alimentaire. Après six mois d’activités, le besoin d’un crédit pour majorer leur capital s’est fait sentir. « Nous avons sollicité un emprunt auprès d’une institution bancaire mais notre requête a été rejetée par manque d’hypothèque. Le projet mis à mal, nous avons été contraints de mettre les verrous sur la porte. Il n’était plus possible de faire tourner notre business. » Et d’ajouter « Actuellement, nos espoirs sont dirigés vers la banque des jeunes. Nous espérons redémarrer notre projet avec l’appui de cette institution ».

Quant à Alice, jeune peintre, elle se demande la place qu’auront les entreprises unipersonnelles comme la sienne. « Je travaille comme autodidacte, est-ce-que la banque des jeunes pourra appuyer des projets comme la mienne si besoin d’emprunt se manifeste ? » Elle renchérit « J’ose espérer que les portes seront grandement ouvertes aux entreprises œuvrant dans le domaine artistique ».

Bienvenu Irakoze, cadre au ministère ayant la jeunesse dans ses attributions indique que la banque des jeunes privilégiera les promoteurs des projets d’investissement à haut potentiel de création d’emplois, les jeunes regroupés en associations ou en coopératives et les individus ayant des projets dont le taux de rentabilité est prouvé par les études de faisabilité à travers leurs plans d’affaires.

Ce qu’il faudra tenir compte

Le projet de la création de la banque des jeunes est à saluer.  Mais pour que l’action de cette banque soit effective, il faudrait que ses prestations atteignent toutes les catégories d’entreprise. La banque devra libéraliser l’accès à ses services (accès aux crédits) pour tout types de projets entrepreneurials, statut juridique confondu car seule la concurrence donnera les mérites sur le marché.

Pour qu’il y ait des projets des jeunes innovant et suscitant l’intérêt d’être financés par la banque, il faudra que toutes les parties prenantes intervenant dans la création de l’emploi des jeunes multiplient des formations à l’endroit des jeunes dans la rédaction des plans d’affaire bancables.

La banque devra aussi abriter un service de conseil et suivi où les jeunes entrepreneurs auront accès à des conseillers bancaires pour qu’il y ait suivi avant et après octroie des crédits.