C’est une évidence. La corruption met des bâtons dans les roues de l’entrepreneuriat et nuit à la création des entreprises. Pour notre collègue Painette Niyongere, il s’agit d’une réalité qui handicape le climat des affaires au Burundi.

Selon les rapports de Transparency International, le Burundi fait partie des pays les plus corrompus du monde. En 2017, il occupait la 170ème place sur 180 pays évalués. En 2018, il était à la 157ème place. Une des causes selon ces rapports est la réglementation et les lourdeurs administratives créant ainsi des opportunités de corruption.

Avec un tel degré de corruption, entreprendre devient un exercice difficile. La littérature économique montre que, du fait du comportement rentier et prédateur qu’entretient la corruption, celle-ci étouffe l’esprit d’initiatives et d’entreprises.

Elle agit comme une taxe supplémentaire d’investissement décourageant les investisseurs locaux et étrangers, lesquels préfèrent des activités de spéculation et de courte échéance à la place des investissements de grande envergure.

Les entreprises en pâtissent

Les Nations unies le souligne : «La corruption ralentit considérablement le développement économique en décourageant les investissements directs étrangers et en plaçant les petites entreprises dans l’impossibilité de surmonter les ‘‘coûts initiaux’’ liés à la corruption».

La corruption agit comme une taxe informelle. Là, elle ne peut pas inciter les entreprises à réaliser l’expansion de leurs capacités de production ou d’investissement. D’où un effet négatif sur la productivité. Bien que les entreprises puissent parfois bénéficier de la corruption, elle les force également à évoluer dans un environnement où la concurrence est déloyale et où les décisions ne sont plus prises sur la seule base de l’efficience technique et économique.

Il est à souligner que dans ces conditions, l’entreprenariat ne peut pas marcher. Pas en tout cas au rythme qu’exige le développement d’un pays.  

 Une situation qui plombe les investissements

Selon Dr François-Xavier MUREHA, dans son étude « L’impact de la corruption sur l’investissement privé au Burundi », a montré que des pots-de-vin sont exigés aux agents privés en charge de la mise en œuvre des projets d’investissement.

Or, considérant que ces “coûts informels” diminuent la rentabilité de ces entreprises, les investisseurs étrangers préfèrent placer leur argent dans les pays moins enclins à la corruption. Par-là, la corruption refoule les IDE et dessert énormément le Burundi, dans la mesure où les investisseurs potentiels seront toujours tentés de se tourner vers les pays voisins plus attractifs.

C’est pourquoi selon les statistiques de la Banque mondiale (World Bank 2012/2013: 28), au cours de la décennie 2010, le Burundi a enregistré en moyenne, et en pourcentage du PIB, 5,3 % seulement d’investissements privés. Un chiffre très bas.

Et pour les investisseurs qui acceptent de travailler dans ces conditions, le coût élevé des investissements dû à la corruption encourage leurs entreprises à réduire leurs obligations fiscales en ne déclarant pas la totalité de leurs ventes, coûts et masses salariales. Une perte pour la nation.

Pour qu’il y ait augmentation de ces investissements, stimuler cet esprit d’entreprise et faciliter la création des entreprises, il faut un climat des affaires favorable au Burundi en levant cette barrière qu’est la corruption.