Le Groupe de la Banque africaine de développement (AFD) dresse, dans son East Africa Economic Outlook 2019, statistiques  à  l’appui, une situation économique de l’ensemble de l’Afrique de  l’Est. Notre collègue Patrick Nimpagaritse appelle au renforcement des entreprises sans quoi le Burundi occupera toujours la dernière place dans la région.

A la lecture de cette étude, un constat des plus  amères  saute aux yeux : le Burundi est le mauvais élève (sauf qu’il devance bien sûr le Sud Soudan) et ce, de  2010 à 2019,  avec des fois,  une croissance négative (en 2015 par exemple, avec -0,3%).

Les chiffres parlent d’eux-mêmes

Pour  l’illustrer, comparons les chiffres du Burundi avec ceux d’autres pays de l’East African Community. En effet, en 2010, la croissance était de 5,1% au Burundi, contre 7,3% au Rwanda, 8,4% au Kenya, 6,4% en Tanzanie  et 8,2 % en Ouganda.

En 2015, avec la crise politique au Burundi, la croissance avait chuté à -0,3%. Au Kenya, elle était à 5,7%, au Rwanda, à 8,9% tandis elle était respectivement 5,7% et 7,0% en Ouganda et en Tanzanie. En 2018, avec une timide reprise économique, la croissance de l’économie burundaise s’élevait à 1,4% au moment où celle du Rwanda était à 7,2%, celle du Kenya à 5,9% et celles de la Tanzanie et de  l’Ouganda s’élevaient respectivement à  6,7% et 5,5%.

Au cours de cette année 2019, selon toujours les projections de la BAD, le  Burundi devra avoir une croissance estimée à 0,4% tandis que le Rwanda  s’attend à une croissance de 7,8%, le Kenya 6,o%, la Tanzanie 6,6%  et l’Ouganda, 5,5%.

Une parfaite illustration de la faiblesse de l’économie burundaise  par rapport à ses voisins de la région.

Même tendance en 2020

Même si la croissance économique du Burundi pourra connaître une certaine envolée en 2020 (1,2% comparativement au 0,4 % de 2019), force est de constater qu’elle reste de loin inférieure à celle de ses voisins de l’East Africa Community. Tenez, le Rwanda enregistrera une croissance de 8,0, le Kenya 6,1, la Tanzanie, 6,6% et l’Ouganda 5,7%.

Et selon toujours la Banque africaine de développement,  cette timide croissance économique reste tout de même   incertaine.

Pour cause, la production agricole qui reste vulnérable aux changements climatiques, les sanctions internationales qui réduisent l’aide extérieure destinée à financer le développement. D’incertitudes politiques et économiques, particulièrement en ce qui concerne les élections de 2020 sont aussi à craindre.

Une  fragilité économique qui  persiste et qui entraîne entre autres la pauvreté généralisée et le chômage chez les jeunes, etc.  

Une preuve de la fragilité entrepreneuriale

D’aucuns pourraient se demander les  mobiles  de cet éternel manque de performance économique du Burundi. Et ça vaut vraiment la peine de se poser la question. Sans prétendre maîtriser tous les contours de la question, on peut se permettre d’affirmer que la faiblesse de l’activité économique est à blâmer. Et cette dernière n’est pas le fait de hasard: la durable instabilité politique y est  pour quelque chose, cette  dernière entrainant le  climat des affaires pour le moins malsain.

Cette faiblesse de l’activité économique est aussi à mettre sous le dos de l’insuffisance et/ou de la mauvaise performance des entreprises existantes. Surtout que ces sont ces dernières qui animent l’économie.

Un combat sur ce terrain, celui du renforcement du monde des entreprises (avec tout ce que cela exige), doit être mené. La campagne Birashoboka pour la réduction des procédures pour l’enregistrement des entreprises s’inscrit dans cette logique par ailleurs. Sinon, la croissance économique restera des moins enviables.