Notre collègue Cédric Bahimpundu fustige l’aide de la Chine aux pays africains. Pour lui, il s’agit de la poursuite de la politique de la  Françafrique sous les couleurs chinois.  

Une scène de l’ubuesque Crocodile du Botswanga. Des entrepreneurs chinois en bons termes avec le loufoque Bobo, président du Botswanga, pays fictif, lui présentant un stade de football comme don après avoir rasé une forêt et ce stade est présenté comme…écologique. «L’art est un mensonge qui dit la vérité», dixit Picasso.

Ce «mensonge» du septième art n’est pas du tout gratuit. La love story sino-africaine ne convainc pas tout le monde. Et l’Afrique, elle, plutôt ses dirigeants s’en balancent de tous ces sceptiques. En tous cas, il n’y a pas de quoi gêner les 53 dirigeants africains présents au sommet Chine-Afrique, histoire de faire les yeux doux au camarade Xi, pourquoi pas quelques centimètres carrés de mines et retourner au bercail mallettes remplies? Un air de déjà vu, à l’âge d’or de la Françafrique.

 Sans Machin Afrique, pas d’Afrique ?

 A La Baule, nos oncles français nous ont donné une «leçon de Démocratie». Sur la coquette station balnéaire, nous nous sommes vus inféodés aux institutions de Breton Woods et les fameux plans d’ajustement structurel pour pouvoir toucher les aides françaises. L’idylle Françafrique put respirer à pleins poumons.

Autre temps autre tempo. Le doux vent breton ne séduit plus, nous voici à Pékin. Officiellement, les deals Chinafriques n’ont rien à voir avec ceux de la Françafrique. D’ailleurs l’Empire du milieu a offert une aide gratuite et de prêts sans intérêts sur les 60 milliards promis. Tout ça après avoir construit le siège de l’Union Africaine et palais présidentiels au Togo, Burundi, en Mauritanie, au Mozambique, au Soudan, au Djibouti pour ne citer que ça en infrastructures. Des cadeaux colossaux, les rouages de la Françafrique en ont donné aussi jusqu’à offrir à un Bokassa des cérémonies de sacre à la Napoléon Bonaparte.

Sauf que…

Je ne retrouve pas l’aide qui nous aide à nous passer de l’aide cher à Sankara, un des grands pourfendeurs de la Françafrique. En revanche, je vois mon Afrique demeurer l’éternel fournisseur de matières premières qui reviennent transformées  et décuplés de prix. Ce n’est pas le citoyen Congolais qui achète à prix d’or un téléphone fabriqué avec le coltan extrait dans sa parcelle qui me dira le contraire. Non plus pas les Guinéens de Boké qui voient leur région partir en vrille et pour qui la Chine pille leurs ressources sans contrepartie.

Face à une Chine, prête à remuer ciel et terre pour ses très politico-économiques routes de la Soie et, en guerre commerciale déclarée contre l’Amérique de Trump, le fantôme Françafrique hante plus que jamais, sous d’autres traits.