Vendredi 29 juin. Le Centre for Developement and Enterprises Great Lakes a organisé un panel à l’Ecole Normale Supérieure de Bujumbura dans le cadre de sa campagne Birashoboka. Celle-ci vise entre autres à réduire les barrières à la promotion de l’entrepreneuriat et à la création d’un compte bancaire. Les participants ont relevé plusieurs défis notamment dans l’enregistrement d’une nouvelle entreprise.

«L’enregistrement de notre entreprise auprès de l’Agence burundaise pour la promotion des investissements (API) a été un vrai parcours de combattant», a indiqué Godefroid Nunzubumwe, jeune entrepreneur fondateur et président de la coopérative ’’Dukore ntituzere inze’’ spécialisée dans l’agriculture, le commerce, l’élevage, etc.

C’était ce vendredi 29 juin à l’Ecole Normale Supérieure de Bujumbura lors d’un panel organisé dans le cadre de la campagne «Birashoboka».  Sont intervenus également Kevin Niyonkuru, fondateur et président de Yemi Company, une entreprise dans l’agri-business et Patrick Niyonkuru, jeune entrepreneur débutant dans le secteur du bâtiment et travaux publics, tous étudiants à cette école supérieure.

Pour rappel, cette campagne porte non seulement sur la réduction des obstacles auxquelles les entrepreneurs font face pour créer des entreprises mais aussi mais aussi sur la vulgarisation des avantages offerts par les banques par le bais de la création des comptes auprès de ces dernières.

Ce jeune entrepreneur témoigne qu’il a décroché la reconnaissance de son entreprise après 4 jours. «Ce n’est pas si simple tel qu’on le présente.  Nous croyions  que nous allions en avoir en une journée. Mais les notaires font perdre du temps aux entrepreneurs».

Il fait savoir que le notaire l’a fait poireauter : «Quand nous sommes arrivés chez lui, il a exigé de nous que les documents soient retouchés».

En outre, poursuit-il, l’entreprise ne se crée pas seulement avec les 40 mille Fbu que l’API exige pour l’enregistrement : «Nous pensions que nous allions payer 7 mille Fbu seulement chez le notaire. Mais, nous avons dû en ajouter 21 mille Fbu pour faire en tout 28 mille Fbu». L’augmentation des feuilles chez le notaire implique la hausse des frais. «C’est 7 mille à raison d’une feuille». Son entreprise constituée de plus de 30 membres vend aujourd’hui des crédits des compagnies Leo et Lumitel en attente d’un capital consistant pour se lancer dans l’agriculture et l’élevage.

Manque des capitaux  

Kevin Niyonkuru abonde dans le même sens : «Pour des actionnaires qui sont à l’étranger, l’enregistrement n’est possible que si ceux qui sont sur place présentent leurs attestations de procuration». Il soutient que son entreprise n’a pas encore été enregistrée pour cette même raison. Et de demander aux autorités de revoir ces exigences car, indique-il, elles constituent des barrières aux initiatives entrepreneuriales.

Entre autres obstacles, ce jeune dont l’entreprise produit déjà des champignons en commune Mutimbuzi dans la province de Bujumbura insiste sur les compétences et le manque de clients. «Le pouvoir d’achat des Burundais est très limité. Rares sont ceux qui se permettent d’acheter des champignons». Il espère que son entreprise grandira même si elle travaille aujourd’hui dans l’informel. «Sur un objectif d’un capital d’1.600.000 Fbu, nous avons aujourd’hui 400 mille».

Quant à Patrick Niyonkuru, il fait savoir que son cas est particulier en raison du type de son entreprise. Il évoque des difficultés d’accès aux marchés publics. «Il faut avoir un montant considérable pour soumissionner, ce que nous n’avons pas pour le moment».

Les statuts exigent aussi, fait-savoir, la mention du siège de l’entreprise, d’un site web et d’un capital avec la précision de la part de chacun des actionnaires.

En attente de la constitution de cette somme, ses amis et lui privilégient des travaux pour lesquels ils sont payés à la tâche. Ainsi, ils épargnent en vue de constituer un capital. Sur un objectif d’un million Fbu, ils rassemblé aujourd’hui 300 mille Fbu.

Quid de la banque de la Jeunesse ?

Cependant, M. Niyonkuru confie qu’ils éprouvent des difficultés pour en épargner. Ils conservent cet argent sur le compte d’un des membres de cette entreprise en herbe.

Pour la promotion de l’entrepreneuriat au Burundi, les participants ont recommandé notamment la multiplication des centres d’incubation à l’instar de la Burundi Business Incubator (BBIN), l’organisation régulière des compétitions des projets, l’élaboration d’une politique nationale de promotion de l’entrepreneuriat.

Les participants ont aussi exprimé le souhait de voir la banque de la jeunesse fonctionner. Celle-ci sera chargée de financer les projets innovants des jeunes.

Signalons que le ministre de la Jeunesse prévoyait que cette banque allait être fonctionnelle dans le premier trimestre de 2018. 

Que propose le Think tank ?

Pour réduire les barrières de l’entreprise et de l’entrepreneuriat au Burundi, il faut éliminer les exigences dans la création d’une entreprise. Les panelistes en ont longuement parlé ci-dessus. Ce sont ces dernières qui expliquent la 164ème place occupée par le Burundi selon l’indice doing business de 2018. Les entrepreneurs sont confrontés aux obstacles parfois insurmontables. C’est possible qu’il y ait réduction de la réglementation commerciale au Burundi.