Les entreprises familiales sont sous le coup de la politique de mobilisation des recettes de l’OBR. Quant au FMI, l’Etat devait plutôt les intégrer au marché libre. Le blogueur Pierre Claver Banyankiye s’inquiète du sort de petites initiatives.

J’ai suivi avec attention la campagne de l’Office burundais des recettes (OBR) consistant à identifier toutes les activités informelles pour les faire payer l’impôt. Elle date du 2 octobre 2017.

J’ai été stupéfait en apprenant que les activités ciblées font partie des petites entreprises familiales qui ont du mal déjà à fonctionner. Je citerais notamment des boutiques de quartier, des bijouteries, des œuvres d’arts, des ateliers de menuiserie, de couture, de soudure, des salons de coiffure, etc. Je rappelle que ces activités font vivre de nombreuses familles au Burundi. Elles paient des frais de scolarité de leurs enfants, des soins de santé,…

Je trouve que nous devrions plutôt les féliciter de leur créativité. Quand il y a absence d’opportunités dans le secteur formel, les activités informelles constituent une alternative. Elles créent du travail pour un grand nombre de personnes.

Dans un contexte de chômage et de baisse sans cesse du pouvoir d’achat, il faut encourager les activités du secteur informel. Face à la misère grandissante, la population se lance dans différentes initiatives pour  joindre les deux bouts du mois. C’est le seul moyen de gagner la vie qui lui reste.

Ainsi, l’informel agit à la fois comme une soupape de sécurité et un amortisseur du chômage. Certains commerçants ne cachent pas leur désarroi : « l’impôt est  très élevé par rapport au revenu dont ils disposent.» En conséquence, nous assistons à l’émergence du travail au noir, facile et rentable.

Les activités informelles représentent 30% de la richesse nationale

Je ne suis pas le défenseur du secteur informel. Néanmoins, je trouve que l’Etat devrait miser en priorité sur des mesures favorisant la promotion de ces entrepreneurs. Plutôt que celles visant l’augmentation des recettes fiscales collectées auprès d’elles, l’Etat  devrait prendre des mesures destinées à tirer profit des opportunités de croissance offertes par ce secteur.

Sinon,  je prédis qu’il  y aurait des effets négatifs sur l’effort productif. Avec le risque de découragement du travail, de la baisse de revenus, de l’épargne et du ralentissement de l’activité économique générale.

En effet, nul ne peut ignorer que les activités informelles constituent la composante essentielle de l’économie burundaise. Les statistiques montrent qu’elles contribuent à raison de 30% à la richesse nationale.

Je ne suis  pas le seul qui met en cause cette chasse aux activités informelles. Le Fonds monétaire international (FMI) l’a fait avant moi. Dans la dernière édition des Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne, publié en mai 2017, il a consacré un focus au secteur informel. Ce document indique qu’il s’agit d’ «une composante essentielle de la plupart des économies subsahariennes».

En lisant ce rapport, j’ai été surpris d’apprendre que  la plupart des pays subsahariens, dont le Burundi, devraient conserver les activités du secteur informel pendant encore de nombreuses années.

Ce n’est plus la période où le FMI s’opposait au secteur informel dans les pays africains. Depuis quelques années, cette organisation s’est rendu compte que cette mesure est contreproductive.

Désormais, le FMI met en exergue tout le potentiel que les pays africains peuvent tirer du secteur informel.

Prendre des mesures d’interdiction de ce secteur, à mon avis, ne contribuera en rien à la promotion de l’économie libre notamment.