Le 29 mai, le parlement burundais a adopté un projet de loi, portant sur le budget général de l’Etat pour l’exercice 2019-2020. Ce budget fait apparaître une indépendance budgétaire de 83,6 % qui proviendra des recettes intérieures par l’élargissement de l’assiette fiscale. Pour notre collègue Franck-Arnaud Ndorukwigira, il s’agit d’une solution qui plombera les investissements et par ricochet le développement national.   

Alors que le niveau de vie des Burundais baisse, les ressources du budget général de l’Etat semblent aller crescendo. Pour l’exercice 2019-2020, les ressources sont estimées à 1.327,1 milliards BIF contre 1.237,1 milliards BIF pour l’exercice 2018-2019. Soit une augmentation de 7,3 %. Quant aux charges, elles passent de 1.400,7 milliards BIF en 2018-2019 à 1.516,2 milliards BIF pour l’exercice 2019-2020, soit un accroissement de 8,2 %.

Autre point, le déficit global de ce budget. Il s’élève à 189,2 milliards de BIF contre 163,5 milliards BIF pour l’exercice 2018-2019, c’est-à-dire une augmentation de 25,7 milliards de BIF. Un déficit qui ne cesse de se creuser, vu qu’il était de 54,9 milliards de BIF en 2013.

Endettement intérieur, un recours dangereux

Dans un pays où le revenu moyen est de 0,8$/jour, avec une croissance économique de 0,4 %, il y a lieu de s’interroger d’où viendront les 83,6 % d’indépendance budgétaire. Selon l’économiste Faustin Ndikumana, président du PARCEM, le gouvernement fera recours comme à l’accoutumée à l’endettement intérieur. Ce dernier est réparti entre les avances de la Banque centrale et les dettes auprès des banques commerciales.

Une dette qui ne cesse de s’accumuler en passant de plus de 597 à 1911 milliards de BIF de 2013 à 2018. Un recours dangereux selon lui, car «l’Etat s’endette pour la consommation et non pour les investissements». Ce qui occasionnera une dévaluation de la monnaie et l’inflation. Même les entreprises publiques ne sont pas en reste car les demandes de liquidités par l’Etat à ces entreprises assèchent leurs liquidités et limitent leurs investissements.

Trop d’impôt tue l’impôt

Pour financer ce budget, le Burundi entend élargir son assiette fiscale. C’est-à-dire hausser les impôts et taxes. Une mauvaise idée selon Dr Patrick Mardini, président du Think Tank LIMS qui vise à restaurer la liberté économique au Liban. Pour lui, une hausse des impôts et taxes entraînera de lourdes conséquences sur le Burundi, du fait que les opérateurs économiques vont manquer de moyens pour investir, et par ricochet la chute de la production, et l’augmentation du chômage.

Piste de solutions

La gouvernance économique est comparable à une bicyclette. Si on ne pédale pas, on tombe. Pour relever ce défi, il faudrait alimenter la machine économique burundaise avec des financements nouveaux comme le cycliste fournit l’effort pour avancer.

Et pour trouver ces nouveaux financements, il faut qu’il y ait une reprise des négociations avec les partenaires du Burundi qui finançait le budget général à 52 % avant la crise politique de 2015. En plus, les exonérations devraient être revues à la baisse, vu par exemple qu’ils ont été exécutés à plus de 600 % au cours de l’exercice budgétaire 2017.   

Et au lieu de hausser les taxes, il fallait récupérer celles perdues dans l’informel en réduisant les barrières qui poussent les entrepreneurs à l’informel.