L’enseignement supérieur burundais compte plus d’une quarantaine d’établissements. Presque tous dispensent les mêmes disciplines. Le blogueur Patrick Nimpagaritse appelle à la méritocratie dans les universités pour plus d’innovation.

Elles sont trente-trois universités privées sur quarante-deux reconnues par la loi. Elles viennent d’être évaluées par la commission nationale de l’enseignement supérieur. Le rapport de cette évaluation est sans ambages : plusieurs anomalies sont à déplorer. De quoi entamer la qualité des enseignements dispensés dans ces établissements.

De ces anomalies, la commission souligne le manque d’enseignants qualifiés et à temps plein, ce qui impacte négativement sur l’encadrement effectif des étudiants alors que l’effectif de ces derniers ne cesse d’aller crescendo. A ce sujet,  la commission fait savoir que la ration enseignant/ étudiant varie entre 50 étudiants à 574 pour un enseignant alors que les normes exigées par l’Unesco prévoient pour un enseignant 50 étudiants (niveau baccalauréat).

La commission dénonce aussi le manque d’infrastructures appropriées. Elle  insiste également sur le manque criant de matériels d’appui à l’enseignement. Ici, comprenez des bibliothèques et du matériel de technologies de l’information et de la communication ainsi que des laboratoires. Autant d’éléments  (et ce n’est pas exhaustif) qui prouvent à  suffisance que la qualité de l’éducation est plus qu’une denrée rare au sein des établissements d’enseignement supérieur burundais.

Et pour rappel, en 2012, dans son  étude, l’Observatoire de l’action gouvernementale (OAG) pointait du doigt ce problème du nombre insuffisant d’enseignants permanents et qualifiés. Il soulignait aussi la question des infrastructures rudimentaires.

Comment en est-on arrivé là ?

Face à un nombre élevé des lauréats qui terminent l’école secondaire,  l’avènement de l’enseignement supérieur privé était plus qu’opportun. D’ailleurs, les pouvoirs publics l’ont vite compris. Ils ont pour ce institué un cadre réglementant ce nouveau venu dans l’enseignement supérieur burundais.  L’ordonnance ministérielle no 048 du premier  mai 1995 portant organisation de l’enseignement supérieur  privé constitue ainsi le premier socle organisationnel. D’autres ordonnances ont été, au fil du temps, mise en place comme pour s’adapter aux nouvelles réalités.

Toutefois, force est de constater qu’avec le temps, des défis n’ont cessé de miner ce secteur. Des problèmes qui ne manqueront pas d’entamer la qualité de l’éducation. Plus de 20 ans après le premier cadre légal réglementant l’enseignement supérieur privé, les défis n’ont pas été aussi grands.  C’est donc dire qu’il est d’une urgente nécessité de relever ces défis, de faire en sorte qu’une formation de qualité soit le leitmotiv des responsables de ces établissements et de leur ministère de tutelle.

Il faut des financements

Il est vrai, l’évaluation que nous  évoquons ici ne concernait que des établissements privés. Mais transposer ces défis relevés aux  établissements publics ne serait pas exagéré. Les problèmes liés aux ressources financières, à l’assurance qualité, à l’adéquation formation-emploi ne sont pas l’apanage du seul privé. Le public en sait quelque chose aussi. Des mesures pour le privé et pour le public sont à prendre pour une éducation de qualité.

Ainsi,  face à une augmentation croissante des lauréats  des écoles post-fondamentales soucieux de poursuivre la formation universitaire, l’Etat doit mettre en place des instruments à même d’encourager la compétition et /ou la concurrence. C’est donc dire que l’université devrait être destinée aux plus méritants. L’Etat doit aussi faire un suivi régulier des établissements d’enseignements privé pour s’assurer qu’ils suivent les normes en vigueur. Ici, l’Etat doit être strict quant à l’agrément de ces institutions privées et quant à leur encadrement.

Qui plus est, L’Etat devrait revoir le financement de ces universités car il s’est avéré que  ces derniers tirent la majeur partie de leurs ressources au minerval des étudiants, au risque de rendre par là  certaines d’entre elles des « boutiques ».

Enfin, il faut une allocation importante de ressources financières. Celles-ci devraient contribuer à la résolution des problèmes en termes  d’infrastructures et d’équipements nécessaires à la formation de qualité.

Et pour qu’elles réussissent, toutes ces mesures devront être accompagnées par une gouvernance universitaire sans faille.