Toute personne a droit d’acheter des habits dont il a besoin, à condition qu’ils ne portent pas atteinte aux  bonnes mœurs. Pour le blogueur Patrick Nimpagaritse, ces habits usés vendus généralement aux personnes de faibles moyens est un facteur de liberté.  Il recommande aux autorités de ne pas emboiter le pas aux pays qui les surtaxent en vue de leur interdiction.

Les pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est sont  en passe  d’interdire l’importation de la friperie. Objectif affiché : favoriser les industries textiles locales. Si certains pays n’ont pas encore pris des mesures allant dans ce sens, d’autres ont pris des dispositions allant dans le sens d’interdire l’importation des habits d’occasion. L’on mentionnera  à titre d’exemple le Rwanda qui applique des taxes élevées sur ce qui est appelé au pays des mille et une collines « caguwa » ou fripes.

Ce qui  n’est pas du goût des Etats-Unis, l’un des pays exportateur de ces habits « usés ». Ils viennent de retirer le Rwanda des dispositifs de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) sur les vêtements .

De ce qui précède, l’on ne peut que se demander ce que pensent les habitants de ces pays concernés de cette éventuelle interdiction d’importation de ces fripes. De surcroît, si cette interdiction une fois concrétisée ne pourrait pas nuire à la liberté individuelle,  à la libre-concurrence ou au libre-échange.

Cette interdiction n’est pas du goût des commerçants burundais

Issa (pseudo) est vendeur des fripes au marché de Ruvumera en zone Buyenzi. Il est l’un des plus prisés par les inconditionnels amateurs de ces habits. Selon lui, interdire l’importation des habits « usés » est impensable : «Pour un pays pauvre comme le nôtre, interdire l’importation des fripes serait inapproprié. Nous n’avons même pas d’industries textiles qui compenserait cette interdiction ».Qui plus est, continue Issa, les habits usés que nous importons souvent sont à  des prix fortement concurrentiels comparés aux habits flambants neufs qui nous viennent de l’occident ou de l’Asie. Du coup, eu égard au pouvoir d’achat des burundais, interdire les fripes serait tout simplement suicidaire. »

Ce point de vue est partagé par Jean, qui vend des chaussures d’occasion au marché Buja City Market  dit Chez Sion : «Promouvoir l’industrie locale est certes à encourager. Mais, de telles mesures qui affectent la vie des gens devraient être sculptées à la loupe. Pour un pays pauvre comme le nôtre, les fripes ne devraient pas être tout simplement interdites. Par contre,  ce sont de mesures d’endiguer la pauvreté qui devraient d’abord être prioritaires comme par exemple le développement des industries textiles ».

Favoriser plutôt la libre-concurrence

Personnellement, j’appelle les Etats de la région à créer un terrain favorable aux affaires. Qu’ils laissent les hommes d’affaires faire le commerce de tout ce qui’ils veulent tant qu’ils respectent la loi.

Il n’est pas superflu de mentionner aussi que le pouvoir d’achat des habitants de ces pays est des plus faibles au monde pour se  passer des fripes. Pour un pays comme le Burundi qui affiche un produit Intérieur Brut (PIB) des plus faibles de la région. Interdire les fripes serait inapproprié. Le manque d’industries textiles n’est pas aussi sans compliquer la tâche.

A l’heure de la mondialisation, la tendance devrait être celle d’encourager la concurrence entre commerçants de la région et ceux du reste du monde, de favoriser le libre-échange et de ne  pas surtout gêner la liberté individuelle. Celle de choisir entre fripes et habits neufs pour le cas d’espèce.